Projet H2020 MycoKey : Actions clés intégrées et innovantes pour la gestion des mycotoxines dans la chaîne alimentaire et animale

Les mycotoxines, composés produits par des champignons microscopiques, sont nocives pour les humains et les animaux, provoquant des maladies allant de l’intoxication aiguë à l’immunodéficience et à certains types de cancer. Ils peuvent infecter les plantes tout au long du cycle de croissance et contaminer les cultures pendant le stockage. Par le biais d’aliments contaminés, les mycotoxines peuvent également contaminer les produits animaux tels que le lait, les œufs et la viande.

Une étude récente a confirmé l’estimation de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) de 1985 selon laquelle la contamination par les mycotoxines était présente dans 25 % des cultures vivrières dans le monde. Des méthodes d’analyse améliorées suggèrent que l’occurrence a probablement été sous-estimée en dessous des niveaux détectables. Le projet MycoKey, financé par l'UE, s'est appuyé sur le projet MYCORED précédent et a développé de nouvelles procédures et de nouveaux outils pour réduire la contamination par les mycotoxines dans les champs, les aliments pour animaux et les chaînes d'approvisionnement après récolte. « Parce que l'introduction de cultures plus sûres plus tôt dans la chaîne alimentaire réduit les risques pour la santé, nous avons donné la priorité à une prévention plus respectueuse de l'environnement et à une détection plus rapide de la contamination par les mycotoxines sur le terrain », explique Antonio F. Logrieco, coordinateur du projet MycoKey et directeur de l'Institut des sciences de la production alimentaire du Conseil national de la recherche italien. « Nous développons également des solutions pour faire progresser davantage le processus de production d’aliments pour animaux et de denrées alimentaires. » De nouvelles solutions pour la chaîne d'approvisionnement MycoKey a sélectionné principalement des céréales pour l'étude, telles que l'orge, le maïs et le blé, ainsi que des fruits secs et des raisins. Le projet s'est concentré sur les mycotoxines présentant un intérêt particulier pour les autorités réglementaires : les aflatoxines, le déoxynivalénol, les fumonisines, les toxines T-2 et HT-2, la zéaralénone et l'ochratoxine A. L'équipe a testé avec succès des stratégies de lutte biologique utilisant des micro-organismes non toxigènes introduits dans les chaînes de blé et de maïs dans l'UE et en Chine. Ces agents de lutte biologique ont réussi à réduire l’accumulation de déoxynivalénol dans le blé de 69 % à 85 % et, dans le cas du maïs, à réduire l’aflatoxine de 98 % à 100 %.

L’équipe a également créé un prototype de système d’aide à la décision, disponible via une application open source, pour prédire l’apparition de mycotoxines dans certaines cultures. Ces résultats ont été étayés par des outils de surveillance, notamment la détection rapide de multiples mycotoxines dans la poussière de céréales. Les échantillons de cet appareil peuvent être analysés sur place à l’aide de tests sur bandelettes ou envoyés à un laboratoire pour évaluation par spectrométrie de masse. Dans le cas de cultures contaminées, des technologies de nettoyage améliorées ont été développées pour être utilisées dans les machines de tri. Le nettoyage à l’échelle industrielle utilisé dans le séparateur mécanique Grain Plus a réduit l’aflatoxine dans le maïs jusqu’à 100 %. De plus, l’équipe a développé un procédé de fermentation à base de levure pour produire du biogaz et du bioéthanol à partir de lots contaminés.

Dans le cas d'aliments contaminés, les bentonites ont été testées comme agents détoxifiants avec les partenaires industriels Laviosa et Lesaffre. Les bentonites mélangées aux aliments absorbent les mycotoxines, réduisant ainsi leur biodisponibilité. « En utilisant ces agents, traitements et outils de biocontrôle, les agriculteurs disposent de solutions durables conformes à la stratégie De la ferme à la fourchette », explique Logrieco. Réglementation sur la sécurité alimentaire Bien que de bonnes pratiques agricoles telles que le travail du sol, les variétés de plantes résistantes et les fongicides puissent atténuer la contamination par les mycotoxines, le changement climatique a donné naissance à davantage de champignons toxigènes qui peuvent surmonter la résistance des plantes et des fongicides. MycoKey soutient le Green Deal européen en adaptant les pratiques agricoles pour réduire l'utilisation de produits chimiques agricoles.

Le projet a également établi des liens avec des groupes scientifiques travaillant sur les mycotoxines en Chine, qui constituent une source de préoccupation croissante pour les autorités européennes compte tenu de l’importation de cultures chinoises. « MycoKey a fourni de nouvelles informations, par exemple sur la toxicocinétique et les formes modifiées du déoxynivalénol, de la zéaralénone et de l'aflatoxine, qui peuvent aider les régulateurs de la sécurité alimentaire de l'UE et aider l'industrie à adapter ses processus alimentaires », ajoute Logrieco. Les résultats de MycoKey seront désormais également utilisés dans d'autres projets de sécurité alimentaire, par exemple comme contribution aux exercices de cartographie du projet FoodSafety4EU financé par l'UE et comme contribution à la formation MycoTWIN.