Projet H2020 RURALISATION : Désenclaver les zones rurales pour renouveler les générations, les emplois et les exploitations agricoles rurales

Pour inverser la tendance au dépeuplement rural, RURALIZATION explore la création d’un cercle vertueux soutenu par des politiques qui permettent aux jeunes de s’épanouir dans les zones rurales. Les zones rurales d’Europe sont en déclin, car les jeunes générations sont attirées par les zones urbaines. Le projet RURALIZATION (Ouvrir les zones rurales pour renouveler les générations, les emplois et les exploitations rurales), financé par l'UE, travaille avec des jeunes de toute l'Europe pour mieux comprendre leurs aspirations de vie et comment ils pourraient les réaliser en milieu rural. « Il n’est pas vrai que la plupart des jeunes ne rêvent que de la vie urbaine, et même si certaines tendances ont été préjudiciables aux zones rurales, nous voyons de nouvelles opportunités qui peuvent être encouragées par des politiques et des incitations appropriées », déclare Willem Korthals Altes, coordinateur de projet et professeur de développement territorial à l’Université de technologie de Delft aux Pays-Bas.

Rêves, tendances et pratiques prometteuses L'équipe du projet a interrogé plus de 2 000 jeunes de 20 régions européennes sur leur avenir rêvé : où aimeraient-ils vivre, que feraient-ils dans la vie, quels choix de vie feraient-ils et à quels obstacles seraient-ils confrontés ? « En comparant les emplacements actuels des répondants avec leurs emplacements idéaux, on constate une nette tendance à la ruralisation ambitieuse », ajoute Altes. « Par exemple, alors que 21 % vivent actuellement dans un centre-ville, seulement 10 % souhaitent y être dans 15 ans. » Dans le cadre du projet, 10 mégatendances affectant la plupart des régions, 20 tendances spécifiques à certaines régions et 30 signaux de changement localisés, appelés signaux faibles, ont été identifiés. Si certaines mégatendances, telles que l’impact du changement climatique et le vieillissement de la population, sont assez bien établies, les trajectoires des signaux faibles et des tendances émergentes ont suscité un intérêt particulier. « Par exemple, on a dit que la COVID créait une plus grande appréciation de la vie rurale, motivée par le travail à distance et un intérêt pour la durabilité, mais pour que cela devienne une mégatendance ou même une tendance, des politiques favorables seraient nécessaires », explique Altes. Pour aborder la question de l’accès à la terre, après avoir étudié les dispositions juridiques et politiques dans les États membres de l’UE, nous avons constaté que peu d’entre eux se concentraient sur le renouvellement des générations, avec peu d’accent sur l’attraction de nouveaux entrants agricoles et davantage sur le remembrement des terres. « Le marché foncier agricole de l'UE ne fonctionne pas de manière équitable : 52,6 % des terres sont contrôlées par 3,4 % des exploitations. La plupart des agriculteurs ont plus de 55 ans et, la succession des exploitations étant généralement fondée sur un héritage patriarcal, les inégalités entre les sexes sont flagrantes », note Altes. Pour relever ces défis, 30 études de cas ont été menées pour identifier des pratiques prometteuses en matière d’accès à la terre : 10 impliquant des nouveaux arrivants ruraux, 10 impliquant de nouveaux entrants dans l’agriculture et 10 impliquant des héritiers agricoles.

Soixante-quatre pratiques innovantes ont été sélectionnées, notamment l’accompagnement des nouveaux entrants avant l’identification des terres, l’accessibilité aux terres agricoles, la priorité donnée à une utilisation durable et multifonctionnelle des terres et la garantie de l’accès des agriculteurs individuels. « Nous avons défini quatre piliers pour le changement : une meilleure promotion de l'innovation ; une adaptation des réglementations territoriales au bénéfice des nouveaux entrants ; une plus grande autonomisation des autorités locales ; et une PAC remaniée pour faciliter l'accès à la terre », a ajouté Altes. « Nous intégrons actuellement ces éléments dans des supports de conseil destinés aux autorités locales et aux agents du changement rural. » Inverser la tendance Les populations urbaines devraient augmenter de 12 % entre 2014 et 2050, mais les zones rurales devraient diminuer de 8 %.

Dans le même temps, le produit intérieur brut par habitant en milieu urbain était estimé à 34 179 €, contre 19 104 € dans les régions rurales. De telles disparités menacent la cohésion sociale et économique dans toute l’UE. Alors que l'UE a alloué 9,6 milliards d'euros entre 2007 et 2020 pour soutenir les jeunes agriculteurs, dans son rapport spécial de 2017, la Cour des comptes a conclu que cela reposait « sur une logique d'intervention mal définie » et « devrait être mieux ciblé pour favoriser un renouvellement générationnel efficace ». « Nous avons besoin d’une nouvelle approche pour contrer la tendance à long terme de l’urbanisation, une approche qui s’adapte aux stratégies des régions tout en contribuant à la Déclaration de Cork 2.0 « Une vie meilleure dans les zones rurales », déclare Altes. À cette fin, l’équipe du projet a lancé 10 actions pilotes liées à l’accès à la terre et à la gestion territoriale, ainsi que le développement d’un cours en ligne ouvert et massif conçu pour les professionnels du développement rural.